Le Vampire by Charles Nodier (Act 2)

Continuing my project of hosting Charles Nodier’s 1820 play Le Vampire on my blog, as no other site appears to have a plain text copy (see also act 1 and act 3). Once again, this text almost certainly contains trnasliteration errors, so any corrections are welcome.

ACTE II.
Le théâtre représente la ferme du château de Marsden.

SCÈNE PREMIÈRE.
PETTERSON, LOVETTE, entourée de jeunes filles qui achèvent sa parure.

LOVETTU, vivement.
Eh bien! mon père, mon père, a-t-on vu Edgar? il doit être arrivé.

PETTERSON, souriant,
Pas encore, ma chère Lovetie, donne lui le tems de faire la roule.

LOVETTE.
C’est bien mal à lui; quand il était amoureux, il venait en deux heures du castel d’Aubray.

PETTERSON.
Ta crois donc qu’il ne t’aime plus?

LOVETTE.
Oh mon bon père, ne me dites pas ça, j’en mourrais de chagrin. Mais parce que Monsieur doit se marier aujourd’hui, il ne se presse pas. On m’a dit que tous ces vilains hommes étaient conme ça.

PETTERSON.
Allons, ne te fache pas… Les préparatifs de ta noce ne sont pas encore fails.

LOVETTE.
Mais, mon père, il me semble que le mari, c’est l’essentiel,

PETTERSON.
Ta toilette est au moins aussi importante, et elle n’est pas encore terminée, depois ce matin,

LOVETTE.
Oh! elle n’est pas finie. Allez, pour le punir, je veux me faire encore plus jolie. (à ses compagnes.) Mettez-moi ce petit chapeau, et puis ces rubans, et puis ces deurs… Ah! Monsieur Edgar , vous vous faites attendre. Je vais vaus recevoir, allez, je ferai la coquette ; mais, mon père, vous restezla. . Voyez donc si vous ne l’apercevez pas sur la colline, il lui est peut-être arrivé quel – que malheur.
(On entend dans la coulisse: voilà Edgar, voila Edgar.)

LOYETTE. Ah! mon dieu, le voila!

SCÈNE II.

Les Memes, EDGAR, suivi de jeunes garçons.

EDGAR.
Ah! ma bonne Lovette…

PETTERSON.
Arrivez donc, Monsieur le futur.

LOVETTE.
Ah! comme tu as été long-tems!

EDGAR.
Pardon, pardon, mon caur était toujours avec toi.
(I l’embrasse.)

LOVETTE, se reculant.
Eh bien! que fais-je done? moi qui voulais vous gronder…

EDGAR.
J’ai été forcé d’accompagner mon maitre… qui revient ici… ah ! mon dieu , Monsieur Petterson, j’oubliaisde vous dire… Sir Aubary vient ici avec mylord Rutwen.

PETTERSON, très-surpris.
Rutven, il n’est pas mort!

FDGAR. Ah! ces bruits-là sont faux.

PETTENSON.
Comment!… je ne puis croire i son existence, depuis sept ans il nous serait parvenu des nouvelles de son sort… non, non, c’est impossible!

EDGAR.
Vous êtes opiniatre !… mais, mon cher Petterson, teconnaitriez-vous ses traits?

PETTERSON.
Ah! sans doute, ils sont gravées dans mon coeur ; il ressemblait trop à son frère pour que je les oublie jamais.

EDGAR.
Yos yeux pourront vous convaincre, mais vous êtes un peu trop prévena.

PETTERSON.
Non, je ne peux ajouter foi. (On entend en-dehors.) Vive Monseigneur !

EDGAR.
Entendez-vous les cris d’allégresse de ses vassaux!

PETTERSON.
L’homme qui a pris son nom est un imposteur.

SCENE III.

Les Memes, Villageois, RUTWEN, AUBRAY.

RUTWEN.
Oui, bon Petterson, reconnaissez les traits de Rotwen, ils sont flétris par le malheur…

PETTERSON, se met à genoux.
Ah! je vous reconnais maintenant, pardon, mais je n’omais croire au bonheur de presser, de bénir encore cette naia si chérie !…

RUTWEN.
Relevez-vous, Petterson, mon coeur est touché de vos témoignages d’amitié, et je saurai reconnaitre l’attachement que vous avez toujours porté à ma famille; surtou, je vous en prie, que ma présence n’arrête point vos jeux… Vous allez célébrer une noce 2..

PETTERSON.
Oui, Monseigneur, voilà le futur et ma petite Loette, la fiancée.

RUTWEN, à part
Encore une fiancée! et vingt-quatre heures…

AUBRAY.
La future est charmante.

LOVETTE.
Oh! oh! Monseigneur, vous êtes… (Elle fait des révérences, Rulwer fixe tous ses regarde
stur elle.)

EDGAR.
Taisez-vous, coquette, et baissez les yeux.

LOVETTE, vivement,
Je vous défends d’être jaloux aujourd’hui. .

EDGAR.
Eh bien ! je te le promets.

PETTERSON. Allons, en fans, allez vous livrer au plaisir, à la danse.
(On entend un léger coup de tonnerre.)

RUTWEN.
Pourquoi les éloigner, je veux partager leur ivresse, vous me permettrez de doter la jeune fiancée et de placer moi-même la couronne sur sa tête; les mariages sont des fètes pour moi. (Le tonnerre redouble.)
Vampire.

EDGAR.
Ah! mon dieu , quel orage!…

PETTERSON
Monseigneur, il vous sera impossible de vous remettre en route par un semblable tems, au risque de vous égarer oude tomber dans quelque précipice.

AUBRAY.
La journée est avancée, rien ne nous empêche de passer ici la nuit.

RUTWEN.
La nuit… Quoi! tu retardes mon bonheur ?

PETTERSON.
Monseigneur, cédez à nos vaux, nous sommes avides du plaisir de vous posséder.

AUBRAY.
Allons , rends-toi à leur prière, d’ailleurs l’orage ne nous permet pas de quitter ces lieux.

RUTWEN , qui n’a cessé de regarder Lorette..
Allons, puisque le ciel le veut, je consens à passer la nuit auprès de vous.

PETTERSON, fait un signe, on forme une estrade pour Rutven.
(Le ballet est prés de commencer, lorsqu’on entend des accords de harpes; mouvement de curiosité. Edgar va au fond voir ce que ce peut etre. Il revient.)

EDGARD.
Monseigneur, c’est un pauvre barde, un vieillard que l’orage a force de chercher un azile; il demande à se reposer.

PETTERSON.
Scuffrez le… Monseigneur, ses chants pourront vous plaire.

RUTWEN,
J’y consens de bon cæur.

LORETTE.
Ah! que je suis contente, ils ont parfois des chansons très jolies.

RUTWEN, à part.
Dieu que colte fiancée est belle.

SCENE IV.

Les Memes, OSCAR.
(Cest un vieillard dont la tête vénérable inspire le respect.
Sa démarche a quelque chose d’imposant et de mystérieux.)

OSCAR.
Grand merci… bon jeune homme, que l’ange de la paix vous protége toujours comme le cèdre protége l’arbrisseau. (Il s’avance, considère Rutwen , et dit tout bas.) Le voila!

PETTERSON.
Mettez vous là , bon vieillard.

LOVETTE lui donne à boire.
Prenez, bon père, et puis vous nous direz quelque…

OSCAR.
Oui, jeune fille, je vous dirai l’hanne du mariage ; puissent mes chants vous apprendre le bonheur et puisse le grand être veiller toujours sur votre repos!

RUTWEN, à part.
Que veut dire ce ton sinistre ?

EDGAR.
Allons, brave homme, commencez: silence, vous autres.

OSCAR, en s’accompagnanr.
O jeune vierge de Staffa,
Brilant de la première femme,
Dont le coeur palpite déjà
Aux doux noms d’amante et de femme,
Au moment d’unir votre sort
A l’amant de votre pensée ;
Gardez-vous, jeune fiancée,
Del’amour qui donne la mort.

Oscar a les yeux attachés sur Rutwen dont la figure exprime
la plus grande fureur; tous les autres personnages, groupés
autour du vieillard, l’écoutent avec une sorte d’intérêt.)

Deuxième Couplet.
Quand le soleil de ces déserts,
Des monts ne dore plus la dime,
Alors les angto des enfers
Viennent caresser leur vietime,
Si leur douce voit vous endort,
Reculez!… leur main est glacée!…
Gardez-rou, Jeune fiancée,
De l’amour qui donne la mort.

(A la fin de ce couplet, Rutwen a peine à contenir sa fureur, il se lève agitd.)

AUBRAY.
Qu’as-tu, mon cher ami?

RUTWEN.
Lechant lugubre de cet homme rappelle à mon esprit des pensers bien douloureux.

AUBRAY.
Il faut l’éloigner.

PETTERSON.
Allons, sortez, vieillard… vos chants déplaisent à Monseigneur.

OSCAR, d’une voix sor, bre.
Je le crois.

LOVETTE.
Puisqu’il en est ainsi, partez ; mais quand vous reviendrez dans la vallée, venez me voir, et vous recevrez ma petite offrande.

OSCAR.
Hélas! demain peut-être mes yeux ne vous reverront plus.
(On le renvoie , quelques paysans l’accompagnent.)

SCENE V.

Les Mèmes, excepté OSCAR.

PETTERSON.
Enfans, avant de commencer la fete, préparez le festin ou nous boirons à l’heureux retour de notre vertueux maitre.

TOUS.
Allons, dépêchons.

AUBRAY, à Rulwen.
Permets, mon cher ami, que je te quitte pour un instant. Je ne puis résister au plaisir d’apprendre ton retour aux seigneurs des environs… el je veux que leur présence ajoute à l’éclat de ton hymen.
( Tout le monde va pour sortir, Edgar donne le bras à Lovette ; Rulwen l’arrête. )

RUTWEN.
Belle Lovelle, voulez-vous m’éconter un instant ?

LAVETTE, en regardant Edgar.
Dame, Monseigneur, je ne suis déja plus à moi

RUTWEN.
J’espère que votre époux…

EDGAR
Comment donc, Madame, puisque Monsieur le Comte vous fait l’honneur… (a mi toir.) je ne suis pas jaloux de celui-là.

LOVETTE.
Me voilà à vos ordres. ( Tout le onde s’éloigne.)

SCENE VI.

RUTWEN, LOVETTE.

RUTWEN.
Approchez , charmante fiancée.

LOVETTE. reculant.
Je n’ose pas.

RUTWEN, du ton le plus dour.
Soyez sans crainte… si vous saviez quelle ivresse j’éprouve à vous voir ! une force irrésistible m’entraine auprès de vous , je ressaille en marchant sur la trace de vos pas, et près de vous je respire l’air du bonheur.

LOVETTE, surprise un peu fachée.
Moi, Monseigneur ! Est-il possible?

RUTWEN.
Hélas ! mon cæur n’a jamais palpité que pour une seule femme, une créature céleste, et vos traits m’ont rappelé tous les siens. Ce matin, mon coeur était usé par les regrets, la douce flamme des amours était éteinte dans mon ame, et ce soir, elle vient de s’y railumer au feu de vos regards; et ce soir , je brûle !

LOVETTE.
Mais, Monseigneur, celle que vous aimies.

RUTWEN
Elle est morte!

LOVETTE.
Elle est morte?

RUTWEN.
Vous seule pouvez la faire revivre pour moi.

LOVETTE.
Que dites-vous ?

RUTWEN.
Ah! Lovette, conuaissez-vous le bonheur de retrouver l’objet que l’on adorait ?

LOVETTE
Je n’ai jamais aimé qu’i.dgar.

RUTWEN.
Edgar!.. qu’il est heureux !. . et que mon malheur est grand…. ah ! pourquoi les Dieux vous ont-ils dérobée à mes yeux… ou plutôt pourquoi m’ont-ils laissé vous voir?

LOVETTE.
Eh! biea Monseigneur! ne me regardez plus … ne me revoyez jamais… ça vous fait trop souffrir.
(Elle fait un pas pour sortir.)

RUTVEN.
Arrêtez !… Lovette, que votre vue me console un mo- ment de tout ce que j’ai perdu. Je veux repaitre mon esprit des chimères d’une félicité qui n’éxiste plus, ne me refusez pas celle douce illusion, et je n’aurai plus qu’à mourir.

LOVETTE.
Que me demande-zvous ?

RUTWEN.
La plus légère de tes faveurs, un regard… ta main, un sourire.

LOVETTE.
Ah ! cessez , je vous en prie, cessez… si Edgar…

RUTWEN.
Ah! je donnerais mon existence tont entière pour une heure de ton amour, et si un seul de mes soupirs pourait être entendu de ton coeur, tu m’aimerais.
(Il lui prend la main.)

LOVETTE.
Non , Monseigneur, non, laissez-moi…. Je suis trop émue.

OSCAR, paraissant sur la montagne.
« Gardez-vous, jeune fiancée,
» De l’amour qui donne la mort. »

LOVETTE jette un cri et se sauve av ec effroi.
Ah!….

RUTWEN.
C’est l’enfer qui me poursuit. (Haut.) Ne t’éloigne pas, ou tremble.

LOVETTE.
Ah, Monseigneur!… par pitié !…

RUTWEN.
Je ne puis rien entendre.

LOVETTE, sanglottant.
Ah! mon Dicu!

RUTVEN Tes larmes ont coulé… c’est pour moi.

LOVETTE.
Ne le croyez pas…. non, non, ne le croyez pas.

RUTWEN. C’est en vain, ma vie dépend de toi. … à ce soirt.. Songes y bien, ma vie depend de toi… et demain le bonheur ou la mort!…. On vient…. silence !…
(Il lui met une bourse dans la main, qu’elle nfuse d’ouvrir; tout le monde parait, elle est forcée de la pren.Ire.)

SCÈNE VII.

Les Némes, PETTERSON, EDGAR, Villageois.
(On apporte des tables, des trophées, des guirlandes, etc.)

PATTERSON.
Allons, allons, tout est préparé, Monseigneur ; quand yous l’ordonnerez, la fete commencera. Sir Aubray ne tardera point à vous rejoindre, mais il ne veut pas que son absence relarde nos plaisirs.

LOVETTE, levant les yeux sur Rutwen.
Je ne sais ce qui se passe en moi… mon âme n’est plus la même.

EDGAN.
Ma bonne Lovette, il ne semble que tu as versé des larmes ?

LOVETTE.
Non, mon ami.

PATTERSON frappe dans ses mains.
Allons, en train, tout le monde.
(Le ballet commence. Aubray se place à table; Rutwen refuse de sy mettre. Des jeunes filles lui apportent des rafraichissemens ; il les remercie sans les prendre. A l’ouverture du divertissement, Lovette, oppressée, se fait suivre par ses compagnes, et sort. Rutwen profite d’un moment où Edgar verse à boire, et disparait sur les pas de Lovette. On danse toujours, mais bientôt Edgar, ne voyant plus sa femme, se lève précipitamment et sort pour la chercher. La danse continue : on entend des cris dans la coulisse.)

SCÈNE VIII.

Les Memes, AUBRAY , LOVETTE, accourt dans leplus grand désordre.

LOVETTE.
Mon père, sauvez-moi! sauvez-moi!

PETTERSON.
Grands dieux !… ma fille!

AUBRAY.
Oh! ciel ! qu’avez-vous ? et Rutwen ?

(Rutwen entre poursuivi par Edgar.)

EDGAR.
Scélérat! ( Il lui tire un coup de pistolet)

RUTWEN.
Ah ! je meurs.
(Tout le mon le pousse un cri. Lovette tombe évanouit. Tableau.)

AUBRAY.
Un assassinat! (Il tire son épée, Petterson le retient.) Lache! je vais laver dans ton sang…

PETTERSON. Edgar… qu’as-tu fait ?
Vampire.

EDGAR.
Mon père !… Milord!… arrêtez! ne m’accusez pas : regardez Lovette… Le monstre voulait me déshonorer.

TOUS.
Est-il possible?… .

RUTWEN..
Aubray!

AUBRAY.
Dieu!… il respire encore… O mon ami !
(Tout le monde fait un mouvement pour s’approcher.)

AUBRAY , furieux.
Fuyez! fuyez! voulez-vous lui arracher le dernier soupir? retirez-vous. (Petterson les fait sortir, et reste seul un peu dans le fond.)

AUBRAY.
O mon ami! mon frère !

RUTWEN.
Point de douleur, Aubray; mon dernier souffle de vie est prêt à s’exhaler.

AUBRAY.
Non, non ; je veux te sauver.

RUTWEN.
Je le sens, tout secours est inutile. Je n’exige de toi qu’une promesse… la dernière, tu ne peux me la refuser.

AUBRAY.
Ah: demande… prends ma vie, elle m’est insupportable sans toi.

RUTWEN.
Mon ami, je te demande pour douze beures seulement le plus profond secret. .

AUBRAY.
Pour douze heures!

RUTWEN.
Promets-moi que Malvina ne saura point ce qui m’est arrivé; que tu ne feras rien pour venger ma mort avant que la première heure de la nuit n’ait sonné. Jure-moi lo secret sur ce coeur expirant.

AUBRAY.
Je te le jure.
(Quand tout le monde est sorti, le théâtre qui était éclaire est devenu obscur, et l’on a vu dans le fond la lune cachée par des nuages; aux derniers mots de Rutwen, elle brille dans tout son éclat.)

RUTWEN.
Aubray, l’astre de la nuit lait à mes yeux de sa dernière lumière, que je puisse le voir et adresser au ciel mes derniers vous.
( Sa tête retombe ; alors Aubray , secondé par Petterson, porte Rutwen sur le rocher du fond, il lui baise encore la main, et Petterson l’entraine; à ce moment on voit la lune planer entièrement sur le corps de Rutwen, et éclairer les glaçons de la montagne. La toile tombe.)

Fin du second Acte.

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